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« Restaurer les tourbières, c’est participer à moindre coût à atténuer le changement climatique »

Les « bonnes conditions agricoles et environnementales » qui vont conditionner les aides de la nouvelle politique agricole commune (PAC) incluent une nouvelle disposition qui concerne la protection et la restauration des zones humides et des tourbières. Cette disposition ne tombe pas du ciel : à l’échelle mondiale, les tourbières stockent un tiers du carbone des sols alors qu’elles n’occupent que 3 % de la surface des terres émergées. Surtout, les tourbières affectées par les activités humaines sont responsables de l’émission annuelle de 2 milliards de tonnes d’équivalent CO2, soit plus que le total des émissions de gaz à effet de serre produit par l’ensemble du trafic aérien mondial. Or, dans l’Union européenne, plus de la moitié des tourbières ont été drainées et participent de façon ininterrompue à ce phénomène.
A l’échelle de la France métropolitaine, les tourbières couvrent un peu plus de 100 000 hectares, ce qui représente plus de 150 millions de tonnes de carbone immobilisées dans la tourbe sous forme de matière organique fossile, mais qui peuvent être facilement libérées lorsque les tourbières sont drainées et cultivées. La moitié des tourbières françaises sont, peu ou prou, concernées par des activités agricoles ou sylvicoles, souvent des prairies temporaires, des plantations d’arbres et, dans une moindre mesure, des grandes cultures. Au total, les premiers calculs montrent que, chaque année, près de 1 million de tonnes de CO2 sont probablement libérées par les tourbières françaises drainées pour être exploitées.
Or, dans un contexte de réchauffement climatique marqué, cette valeur ne peut qu’augmenter dans les prochaines années, car la chaleur accentue la sécheresse des sols et favorise la dégradation de la matière organique par les micro-organismes. Au moment où la capacité des forêts à assurer l’objectif de neutralité carbone en 2050 est de plus en plus revue à la baisse, il est impératif d’augmenter la capacité de stockage des autres écosystèmes et en particulier de faire en sorte de limiter les émissions issues des tourbières.
Par ailleurs, les tourbières françaises sont des gigantesques réservoirs d’eau, certes invisibles à l’œil nu, mais bien présents un peu partout. Au total, c’est un volume de plus de 1,5 milliard de mètres cubes d’eau « verte », fraîche et souvent de très bonne qualité, qui sont ainsi stockés un peu partout sur le territoire, soit un volume proche de celui de la totalité des étangs français.
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